27 Feb
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Dans le conflit asymétrique qu’impose la Russie (la Fédération russe compte 146 millions d’habitants, une superficie de plus de 17 millions de km2) à l’Ukraine (41,5 millions d’habitants, une superficie de 0,6 million de km2), il est difficile d’admettre le raisonnement développé par Vladimir Poutine d’une menace immédiate et sérieuse que ferait peser l’Ukraine sur la Fédération de Russie. 

En ce qui concerne les minorités russophones dans la partie orientale de l’Ukraine, le Donbass, elles étaient déjà sous l’autorité de fait de « séparatistes pro-russes ». 

L’agression est donc clairement de notre point de vue un fait russe. D’autant plus que l’armée ukrainienne est très inférieure en nombre à l’armée russe, en nombre comme en équipements et capacité offensive ou dissuasive, et insuffisamment entraînée.

Cependant, il nous faut aussi écouter le discours de Monsieur Poutine et comprendre que les États-Unis et, dans une moindre mesure, certains pays européens ont envisagé l’adhésion de l’Ukraine à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’OTAN, après avoir dit que ce ne serait pas le cas. Autant renforcer les liens économiques de l’Union Européenne avec l’Ukraine est bénéficiaire pour le progrès économique et l’élévation du niveau de vie pour un État issu de l’Union soviétique, autant la perspective d’une intégration à l’OTAN était considérée de longue date par la Russie comme une intrusion dans ce qu’elle affirmait être sa zone d’influence. 

Que pouvons-nous dire au lendemain de l’offensive militaire caractérisée de la Russie contre l’Ukraine déclenchée le 24 février 2022 à 6h sur trois fronts ? 

  • L’Union Européenne n’a pas pesé lourd dans les négociations. Malgré le protocole de Minsk de septembre 2014 qui constatait l’autonomie de territoires orientaux du Donbass et devait permettre la normalisation sous l’égide de l’OSCE, la France (présidence de l’UE au premier semestre 2022) et l’Allemagne n’ont pas réussi à vraiment prendre la main.
  • Les États-Unis, avertis de l’intensité des préparatifs militaires de la Russie, n’ont pas réellement engagé de négociation avec la Russie.
  • La Chine a adopté une attitude de neutralité bienveillante à l’égard de la Russie, dont on peut penser qu’elle lui sert de galop d’essai pour préparer une invasion de Taïwan, un objectif dont elle ne se cache aucunement.

 Alors que pouvons-nous en conclure ? 

  • Le monde des années 2020 est le plus instable depuis la 2e Guerre mondiale.
  • Les États-Unis sont moins interventionnistes que jamais – après les retraits du Vietnam, d’Irak et, dernièrement, d’Afghanistan.
  • L’Union Européenne ne pourra pas faire face seule à une invasion de la Russie dans ce qu’elle considère comme sa zone d’influence stratégique alors que V. Poutine a, de son côté, choisi le moment pour concrétiser son projet de reconstitution de l’ex-Empire soviétique.

 Il est clairement nécessaire de réunir le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, sans illusion car la Russie et la Chine peuvent l’une et l’autre opposer un veto à toute résolution un peu ferme. La Chine joue ici un rôle pivot et le rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine sert bien ses intérêts aux plans politiques (y compris en Afrique), militaires et énergétiques. Cette donne renforce notre conviction que l’Union Européenne ne peut être audible dans ce contexte que si elle est capable d’une diplomatie effective, d’anticiper les conflits, et d’atteindre des cibles stratégiques à tout moment. 

L’Union Européenne doit améliorer rapidement et en profondeur l’efficience de son effort militaire par une coopération renforcée aux plans des armées, de leurs équipements et de la gestion du renseignement militaire. En outre, un dialogue continu avec les États-Unis est nécessaire, mais en aucun cas un alignement systématique et ceci nourrit la réflexion pour une revue bien plus poussée que celle proposée dans le plan ‘OTAN 2030’ sur le rôle et le fonctionnement de l’OTAN.

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