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14 Mar
14Mar

L'Union européenne (UE) est aujourd'hui le marché le plus ouvert du monde, mais comment peut-elle assurer la liberté du trafic maritime face aux tensions et conflits croissants en mer ?

L'importance stratégique des mers

Environ 70 % des flux de marchandises transitent par voie maritime, et pour le pétrole, ce chiffre atteint 99 %. De plus, les fonds marins abritent un réseau de 400 câbles sous-marins, responsables de 90 % des communications mondiales. La protection de ces infrastructures critiques pose des questions fondamentales : quelles capacités de réparation existent ? Quels sont les délais et coûts associés en cas de dégradation volontaire ou accidentelle ?

Une coopération civilo-militaire essentielle

L'avenir des mers européennes repose sur une coopération accrue entre les forces militaires et les acteurs civils. La France, qui possède le deuxième espace maritime mondial réparti sur trois océans, a un rôle central à jouer. Maîtriser la mer fait partie de notre souveraineté et ravive les visions stratégiques de l'amiral Mahan, qui avaient permis à la marine américaine de s'imposer.Avec plusieurs ports stratégiques tels que Marseille, Le Havre, Dunkerque et Toulon (le plus grand port militaire d'Europe), la France peut-elle devenir une puissance stabilisatrice au sein de l'Europe et dans l'Indo-Pacifique ?

La liberté des mers, une exception en danger ?

Le Wall Street Journal souligne que la liberté des mers devient une exception dans le monde. Les tensions géopolitiques s'intensifient tant sur terre que sur mer, ce qui impose une refonte de la politique de défense européenne, notamment en renforçant la coopération avec la marine britannique. Ces deux pays partagent une confiance mutuelle et des accords bilatéraux comme ceux de Lancaster et Saint-Malo.Autrefois première puissance maritime mondiale, la Grande-Bretagne a su préserver un savoir-faire précieux, comparable à celui du Japon. L'Europe devrait s'inspirer de ces modèles pour relancer sa production navale, aujourd'hui principalement concentrée en Asie (Corée du Sud, Japon, Chine), qui a investi massivement dans ce secteur ces vingt dernières années.

Une sécurité maritime de plus en plus menacée

Les menaces maritimes s'intensifient. Les conflits en mer Rouge et en mer Baltique, les attaques sur les câbles sous-marins et la "ghost fleet" russe illustrent une violence désinhibée. La mer de Chine reste également un foyer de tensions extrêmes.Face à ces enjeux, il est essentiel d'intégrer les flottes marchandes et énergétiques aux dispositifs de sécurité. Le MICA Center à Brest est un exemple d'organisation permettant de partager des informations sur les risques et de former les navires marchands aux enjeux militaires. Le programme ORION 2026 aura également un impact majeur sur la coordination entre les marines civiles et militaires, notamment dans la mer Rouge.

Des réglementations ignorées et des opérations militaires européennes

L'ignorance des normes internationales met en danger la stabilité des zones maritimes. Si rien n'est fait, l'anarchie risque de s'imposer. Les menaces asymétriques (attaques par drones, sous-marins furtifs, piraterie) se multiplient.L'Union européenne a déjà réagi avec des opérations comme ATALANTE et ASPIDES, menées par l'EUNAVFOR en réponse aux attaques des Houthis en mer Rouge. Cependant, la question des sous-marins reste un enjeu clé, rappelant la menace mortelle des U-boats allemands pour le Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale.En mer Noire, les mouvements stratégiques nécessitent d'importants investissements pour garantir la sécurité. Par ailleurs, le développement de nouvelles industries visant à exploiter les ressources minérales sous-marines s'accompagne de nouveaux risques qu'il faudra maîtriser à l'aide de capteurs, satellites et systèmes de cybersécurité avancés.

Le Groenland et la Chine : des défis particuliers pour l'UE

Sur le plan géopolitique, l'UE doit soutenir fermement le Danemark dans la défense du Groenland, une région convoitée par les États-Unis malgré son statut de membre de l'OTAN. En ce qui concerne la Chine, la situation est plus complexe, l'UE étant actuellement dans une phase de fragilité politique et économique.

Conclusion : Maîtriser les mers pour maîtriser son destin

Si l'Union européenne veut rester maîtresse de son destin, elle doit s'impliquer pleinement dans la sécurité maritime et affirmer sa puissance navale. Sans une volonté claire et une stratégie ambitieuse, elle risque de s'effacer progressivement de l'histoire mondiale, un scénario incompatible avec les intérêts et les ambitions européennes.

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