30 Jun
30Jun

Face aux enjeux de défense extérieure, mais aussi intérieure (en particulier terrorisme ou radicalisme), et en conformité avec notre Manifeste, nous pensons que l’Europe sera d’autant plus respectée et son avenir assuré qu’elle pourra s’appuyer sur une force reconnue et crédible réunissant des femmes et des hommes de haute valeur tant morale que militaire

Vers une Légion européenne ?

 Le nom Légion provient du Latin legionis : corps de troupe et dérive de ‘legere’ : recueillir, choisir. La première Légion, corps de l’armée française, a été créée en 1534 par François 1er. Les qualités requises du légionnaire en 2021 correspondent aux aspirations de notre Collectif Défense : courage, honneur, élite de l’armée, entraide et solidarité. Une évolution rapide vers une véritable armée européenne est nécessaire. À noter que les sociaux-démocrates allemands du SPD ont appelé à doter la Commission de ses propres forces armées. Nous partageons l’analyse des Généraux François Lecointre (qui officialise son départ) et Thierry Burkhardt (Chef d’état-major de l’armée de terre) concernant les hauts risques de conflit de haute intensité dans les années à venir. Dans ce contexte, la Légion européenne serait le fer de lance d’interventions rapides, efficaces, dans le respect du droit international en vigueur. 

L’exemplaire Légion étrangère

 Elle a été créée par le Roi des Français Louis-Philippe en mars 1831 pour l’employer en Algérie. Elle s’illustre en Crimée (1854-1855), en Italie (1859). Et surtout au Mexique (1863-1867) où elle livre son 1er fameux combat à l'hacienda de Camerone de Tejeda. Ce jour-là, le 30 avril 1863, les 62 légionnaires du capitaine Danjou tiennent fièrement le serment qu’ils venaient de prononcer auprès de leur chef de combattre jusqu’à la mort pour fixer les forces mexicaines du colonel Milan et protéger un convoi logistique destiné à la ville de Puebla. Pendant presque douze heures, malgré des pertes sévères, ils font face à 2 000 Mexicains. Ces hommes livrent un combat à la fois perdu d’avance, lointain et désespéré. Pourtant, leur comportement exemplaire fixe l’esprit légionnaire : ils ont accompli la mission. Ils sont 36 000 depuis 1831 à avoir honoré, par le don de leur vie, le contrat qu’ils avaient signé. La spécificité de la Légion étrangère est d’être constituée de ressortissants étrangers. Après un démarrage laborieux, bien compréhensible, la Légion étrangère est devenue une unité glorieuse et respectable de l’Armée française par ses faits d’armes nombreux, aux quatre coins du globe, et son abnégation. Le code d’honneur du légionnaire dicte sa conduite au quotidien. Il est comme un ciment qui réunit des principes communs quelles que soient les cultures, en temps de guerre ou de paix. Le drapeau comporte les inscriptions : « Honneur et Fidélité » et « Camerone 1863 ». 

Quelles missions pour la Légion européenne ?

 Sa mission principale serait d’opérer aux confins de l’Europe des missions de surveillance et de maintien des frontières extérieures du territoire. Compte tenu des circonstances actuelles, la mutualisation des moyens permettra d’équilibrer les moyens aux abords de la Russie, de la Turquie et de l’Afrique. La Légion serait engagée pour la défense du territoire et des intérêts stratégiques de l’Union européenne, en tout ou en partie ; comme pour les autres coopérations renforcées, tous les États membres pourraient décider d’adhérer ou, à l’inverse, être invités et décider de ne pas participer. La Légion pourrait d’ailleurs être étendue à l’ensemble de l’Europe, sur la base d’accords entre l’UE et les autres États du Conseil de l’Europe qui souhaiteraient y participer et en bénéficier. Le cadre juridique de la Légion européenne doit être établi en conformité avec les fondamentaux de l’UE, et permettre de créer et développer le pilier de la défense commune. Ces missions ne sont pas redondantes avec celles des Douanes, d’Europol ou de Frontex, mais complémentaires et dans le champ spécifique de la sécurité extérieure du territoire. Les opérations pourraient combler les insuffisances des Etats, par manque de culture militaire ou de moyens, pour la défense du territoire et de ses résidents. Sur terre, en mer, dans l’air et l’espace, une force opérationnelle doit permettre de mutualiser l’effort humain (recrutement, formation, déploiement), technologique et logistique pour effectivement défendre les intérêts stratégiques en jeu. Cette armée de défense mutuelle permettra d’affermir le rôle de l’UE et, peut-être par-delà, dans le monde aux côtés de l’OTAN et avec des partenaires historiques des États européens. Elle sera autonome face à l’OTAN, et pourra à l’initiative du Conseil de Sécurité participer à des manœuvres conjointes ou conjuguer leurs forces sur des théâtres opérationnels, ou pas. Ce champ de compétence inclurait la sécurité interne, dont la lutte contre le terrorisme, en complément des missions de la police nationale. Cela permettrait l’emploi de moyens militaires tels que le renseignement, la surveillance territoriale ou la coopération scientifique et technologique au service de la sécurité intérieure. Le cadre juridique doit être mis en cohérence avec les piliers fondamentaux du droit de l’UE et les droits nationaux dans ces domaines de la sécurité et la défense. 

Comment développer et faire vivre la Légion ?

 Initialement formés en France sur la base des critères employés pour la Légion étrangère, les légionnaires européens pourraient bénéficier d’un service militaire d’une durée de trois ans. Un contingent de volontaires apparaît en effet comme un élément important pour asseoir la légitimité. Le programme de ce service inclura sensibilisation aux enjeux de la défense de l’Europe, méthodes d’entraînement militaire et utilisation des équipements de différentes bases en Europe. Les futurs légionnaires recevraient ainsi une formation multifonction développant l’aptitude au combat, aspect spécifique à la Légion (admirée par tous les corps d’armées du monde). Ce corps de volontaires pour un service militaire de haute qualité formerait des unités d’active et une réserve dont les compétences seraient mobilisables pour différentes missions. Les scientifiques de ce contingent pourraient également fournir une main d’œuvre indispensable à l’ère technologique. À l’issue des trois années, les légionnaires entreraient dans la réserve ou pourraient, sur sélection, composer un corps d’armée professionnel, de haut niveau humain et opérationnel. Le recrutement et la formation pourraient progressivement s’émanciper et devenir proprement européens. Pour rentrer dans la Légion, il faudrait être résident d’un pays membre de l’UE, ou d’autres pays européens sur base d’accords tels que mentionnés ci-dessus. L’objectif est de rassembler 50 000 femmes et hommes et monter progressivement à 100 000. Ce corps d’élite doit être disponible sur les terrains opérationnels où qu’ils se trouvent. Il ne sera pas en compétition avec l’Eurocorps. Celui-ci existe et doit devenir pleinement opérationnel : il pourra agir dans des cas déterminés aux côtés de la Légion européenne sous un état-major intégré.